Annuler les remboursements de dette pour les pays pauvres. La question est évoquée depuis plusieurs années mais elle est devenue cruciale, notamment en raison de l’impact de la crise sanitaire mondiale.
Pour en parler: Anaïs Carton qui représente le CADTM Belgique – le Comité pour l’annulation des dettes illégitimes et Renaud Vivien, chargé de recherche et de plaidoyer à Entraide et Fraternité.
Emission diffusée le 26 septembre 2021 sur la Une (RTBF).
Avec le soutien de la Coopération belge au développement (DGD)
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“Nous ne pouvons pas rembourser la dette parce que nous n’avons pas de quoi payer; nous ne pouvons pas rembourser la dette
parce que nous ne sommes pas responsables de la dette; nous ne pouvons pas payer la dette parce que, au contraire, les autres nous doivent ce que les plus grandes richesses ne pourront jamais payer, c’est-à-dire la dette de sang.”
Le 29 juillet 1987 se tenait un sommet de l’Organisation de l’Unité Africaine. Thomas Sankara, président du Burkina Faso depuis août 1983, proposa de créer un front uni contre la dette* : “Je voudrais que notre conférence adopte la nécessité de dire clairement que nous ne pouvons pas payer la dette, non pas dans un esprit belliqueux, belliciste, [mais] ceci pour éviter que nous allions individuellement nous faire assassiner. Si le Burkina Faso tout seul refuse de payer la dette, je ne serai pas là à la prochaine conférence. Par contre, avec le soutien de tous, dont j’ai besoin, nous pourrons éviter de payer. Et en évitant de payer, nous pourrons contribuer à notre développement.”
Dans le même discours il tenta également de convaincre les autres chefs d’Etat de cesser la course à l’armement, pour donner une chance à la paix sur le continent africain, pour utiliser ces budgets à d’autres fins : l’éducation, la santé, le développement d’une industrie qui réponde aux besoins des populations.
Sankara s’est démené sans compter pour sortir son pays du sous-développement, promouvoir de nouvelles formes de démocratie directe, et apporter le bien-être aux populations du pays. Il était à la fois un leader charismatique, un visionnaire, et un formidable producteur d’idées, à une époque où de nombreux pays africains étaient dirigés par des dictateurs soutenus par l’occident.
Il fut assassiné trois mois après ce discours.